« Un vrai choc culturel »

Article paru dans Sud-Ouest au retour d’Alingsås

Quelle est la différence entre Alingsås (prononcez Alingsos), petite ville de Suède de 25 000 habitants et Mont-de-Marsan ? Vous séchez ? Ceux qui ont couvert les 2 300 kilomètres ralliant les deux villes jumelées possèdent un début de réponse. « Disons qu’Alingsås, c’est Mont-de-Marsan avec 200 lacs autour et des paysages à vous couper le souffle », résume la perspicace Lauréline.

Comme 11 autres lycéens montois, élèves de la seconde à la terminale, l’adolescente montoise s’est portée volontaire pour partir cet été à la découverte de la cité scandinave, qui se love non loin de la côte de la mer du Nord. Du 22 juillet au 6 août, ces sept filles et cinq garçons ont séjourné chez leurs correspondants locaux, tout seuls ou à deux par famille, perpétuant ainsi une tradition d’échange franco-suédois entre les deux villes qui tissent des liens confraternels depuis 54 ans. Laïla a, elle, aussitôt vu dans ce jumelage « une occasion unique de se confronter à la culture d’un pays que, d’emblée, on ne pense pas forcément à aller visiter ». Immersion totale

Le tourisme, tel était l’objet du voyage de Lauréline, Annabel, Léo, Laïla, Alexandre, Paul, Léa, Valentin, Marie, Lætitia et Étienne, et des deux adultes accompagnateurs, Florent Dubernet et Delphine Garcia, de la radio MDM (lire par ailleurs). Visite d’Alingsås et de Göteborg, rencontre avec les goélands sur l’île de Hallö, sensations fortes au parc d’attraction de Liseberg, activités en pleine nature au bord du lac Storsjön… Guidés par Béatrice, Malin, Alize, Joan, Eline, Oliver, Daniel, Sofia et Samuel, leurs hôtes locaux, les Français ont eu des journées bien chargées, mais souvent instructives. Chez Samuel par exemple, ils ont pu s’initier aux chants, aux danses et à la gastronomie liés à Lucia (Sainte-Lucie), Jul (Noël), Paskkarring et Midsommar, les fêtes traditionnelles suédoises.

groupe

15 jours en immersion totale : rien de mieux également pour briser quelques poncifs. Non, les Suédois ne mangent pas que des Krisprolls et du hareng. Non, ils ne sont pas froids et distants comme des icebergs. Non les Suédois (es) ne sont pas tou (te) s blond(e) s, longilignes et super canons. Pas plus que le Français type ne porte un béret et une baguette sous son bras. « En revanche, pas de doute, Ikea est bien suédois. »

Pour le reste, bien des aspects de ce pays ont procuré un véritable dépaysement aux visiteurs français. Pour ne pas dire un choc culturel.

Ça commence dès le premier contact. « En Suède, on ne se fait pas la bise », commente Delphine. Pour se saluer, les Suédois préconisent le « kramar ». L’équivalent du hug américain. Mais sans le kiss. Comprenez qu’ils se serrent dans les bras. Plus ou moins fort, plus ou moins longtemps, selon le degré de connaissance et de sentiments entre les personnes. « Croyez-moi, la première fois ça surprend », poursuit-elle.

Respectueux des règles

« Globalement, les Suédois sont vraiment différents de nous, résume Alexandre. Par leur façon d’être, leur mentalité, leur manière de fonctionner en société. Ils sont super-cools, ne se prennent pas la tête. » Une quiétude sans doute explicable par l’esprit carré des Scandinaves. « Ils sont super-stricts et rigoureux dans le respect des règles, confie Alexandre. Le système semble basé sur l’ordre et l’égalité. » Respect des règles – « il faut dire que la prévention est très dissuasive » – mais aussi d’autrui et de la patrie.

Les jeunes Montois ont également été surpris par l’organisation des transports en commun et la propreté des rues des villes. « J’ai même vu une dame ramasser l’excrément de son chien en pleine forêt », se souvient Florent Dubernet. « Mais tous les Suédois ne sont pas écolos, dit Laïla. Certains ne trient même pas leurs déchets ».

L’envie de repartir

En revanche, « ils sont tous bilingues », surenchérit Léo. « Ils dînent aussi très tôt (18 h 30) et n’arrêtent pas de grignoter toute la journée », poursuit Laureline. Et c’est justement parce que tant de choses les séparent de leurs amis d’Alingsås, que les Montois sont sortis enrichis de cette expérience.

« Mais 15 jours, c’est trop court. Le retour en France a été assez difficile », reconnaissent-ils d’une même voix. Ils n’ont désormais qu’une hâte : repartir. Florent Dubernet qui, dans sa jeunesse, avait effectué l’échange avec Alingsås, comprend la motivation des jeunes Montois, lui qui a attendu 22 ans pour remettre les pieds en Suède. Alexandre, lui, a déjà réfléchi à cette éventualité. « La mère d’un de nos corres est directrice d’une école internationale à Goteborg, et comme le rythme scolaire est plutôt cool, je ne serai pas contre passer une année scolaire là-bas. »

En attendant, les Montois et leurs amis d’Alingsås entretiendront la flamme de l’amitié via Facebook « où plusieurs centaines de photos ont déjà été postées ». Histoire de ne pas couper les ponts jusqu’aux retrouvailles de l’été prochain. Cette fois, les Suédois viendront découvrir Mont-de-Marsan. « Ils arriveront en juillet pendant les fêtes ». Autre choc culturel garanti.